Rheinmetall veut produire le système d’artillerie américain M142 HIMARS en Allemagne

En novembre dernier, MBDA Deutschland a signé une « feuille de route » avec le groupe américain Raytheon afin de produire des missiles GEM-T du système de défense aérienne Patriot à Schrobenhausen [Bavière]. Visiblement, cet accord a donné des idées à Armin Papperger, le Pdg de Rheinmetall.

En effet, dans un entretien accordé à l’agence Reuters, celui-ci a déclaré que des pourparlers sont actuellement en cours avec l’américain Lockheed-Martin en vue d’installer une ligne de production du lance-roquettes multiple M142 HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System] en Allemagne. L’objectif est de conclure un accord durant la Conférence de Munich sur la sécurité, prévue le 17 février.

« Nous avons la technologie pour la production des ogives ainsi que les moteurs-fusée [pour les roquettes]. Et nous avons les camions sur lesquels monter les lanceurs », a fait valoir M. Papperger, avant de préciser qu’un accord avec le groupe américaine pourrait « entraîner des investissements de plusieurs centaines de millions d’euros », financés en grande partie par Rheinemetall.

Pour Lockheed-Martin, l’ouverture d’une telle ligne de production lui permettrait de répondre à la forte demande au sujet du M142 HIMARS, qui a fait ses preuves en Ukraine, même si ses capacités ont été limitées [avec, par exemple, l’incapacité à tirer des missiles balistiques tactiques ATACMS, d’une portée de 300 km].

En outre, plusieurs pays membres de l’Otan auront à remplacer les lance-roquettes multiples qu’ils ont donnés à l’armée ukrainienne. Tel est le cas du Royaume-Uni… mais aussi de l’Allemagne et de la France.

D’ailleurs, devant les députés, la semaine passée, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a laissé entendre que le M142 HIMARS est bien placé pour succéder au Lance-roquette unitaire [LRU]. Et, a priori, l’armée de Terre devrait accroître sensiblement ses capacités en matière de « feux à très longue portée ».

Pour rappel, le LRU est issu du programme LRM [Lance-roquettes multiples ou MLRS], mené en coopération avec les États-Unis [chenillé BRADLEY M], la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, Krauss-Maffei Wegmann en ayant été le maître d’oeuvre industriel. Aussi, en nouant un accord avec Lockheed-Martin, Rheinmetall évincerait son rival allemand sur ce marché alors que celui-ci vient de s’associer à Elbit Systems pour proposer un lance-roquettes multiple « européen ».

Par ailleurs, M. Papperger a également affirmé que son groupe pourrait augmenter significativement sa production de munitions, en portant celle d’obus de 120 mm [chars lourds] à 240’000 unités par an. « Ce qui est plus que ce dont le monde entier a besoin », a-t-il soutenu.

Même chose pour les obus de 155 mm, avec 450’000 et 500’000 exemplaires par an, contre « seulement » 60’000/70’000 actuellement. Et il a également confirmé l’ouverture d’une nouvelle ligne de production de munitions de moyen calibre [30 35 mm] pour les blindés anti-aériens Gepard, désormais utilisés par l’armée ukrainienne. Elle devrait être opérationnelle d’ici juin.

Enfin, Rheinmetall envisage de construire une nouvelle usine de poudre… Mais à condition de trouver les 700 à 800 millions d’euros nécessaires. Une partie devrait être « prise en charge par le gouvernement », a dit M. Papperger. « Nous apportons notre savoir-faire technologique mais l’État doit investir. Et en retour, il obtiendrait une part des bénéfices réalisés par l’usine », a-t-il soutenu.

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