Pour les États-Unis, la Russie manque à certaines obligations du traité de désarmement New START

Ces dernières années, l’architecture de sécurité héritée de la Guerre Froide a été chamboulée avec la fin de plusieurs accords de premier ordre, comme le Traité sur les Forces armées conventionnelles en Europe [FCE], le Traité sur les Forces nucléaires intermédiaires [FNI] ou encore le Traité Ciel ouvert [que les États-Unis et la Russie ont dénoncé, ndlr]. Et le dernier accord de désarmement en vigueur, qui ne concerne que Washington et Moscou, est le New START [Strategic Arms Reduction Treaty], qui arrivera cependant bientôt à échéance.

Pour rappel, entré en vigueur en février 2011 pour une durée minimale de dix ans, ce texte limite la taille des arsenaux nucléaires américains et russes à 1550 têtes nucléaires déployées et à 700 lanceurs stratégiques.

Si l’administration du président Trump n’était pas disposée à reconduire ce traité en l’état afin d’y inclure la Chine, celle de M. Biden trouva finalement un accord avec Moscou pour le prolonger de cinq ans de plus, en activant une clause de son article XIV. En clair, en 2026, le New Start arrivera à échéance… Et s’il n’est pas renouvelé ou remplacé par un autre texte, la course aux armements que le monde a connue durant la Guerre Froide pourrait donc repartir de plus belle.

En tout cas, et pour le moment, certaines obligations du New START peinent à être respectées. Et ce n’est pas sans lien avec la guerre en Ukraine…

Ainsi, le 31 janvier, dans une réponse à une question posée par la majorité républicaine de la Chambre des représentants, le Département d’État [diplomatie américaine] a affirmé que la « Russie ne respecte pas l’obligation que lui impose le New START de faciliter les activités d’inspection sur son territoire » et d’avoir annulé des discussions prévues par le traité. Cependant, rien n’indique que Moscou a porté la taille de son arsenal nucléaire au-delà des limites convenues.

Cela étant, ces reproches ne sont pas surprenants… au regard du contexte actuel. En août, et en raison de difficultés pour obtenir les visas nécessaires à ses inspecteurs pour se rendre aux États-Unis, la Russie avait décidé de suspendre « temporairement » l’inspection de ses bases nucléaires. Et de faire état de « réalités qui créent des avantages unilatéraux » pour Washington et qui « privent » Moscou de son droit d’effectuer des inspections sur le territoire américain ».

En outre, soulignant le « rôle unique » que tient le New START dans ses relations avec les États-Unis, la russie avait promis que les inspections reprendraient « immédiatement » dès lors que la question des visas seraient réglée. Or, à l’époque, la diplomatie américaine avait soutenu que « les principes de réciprocité, de prédictibilité et de stabilité mutuelles continueront à guider l’approche des États-Unis ».

Qu’en était-il vraiment? Cette histoire de visas justifiait-elle vraiment la décision de Moscou? L’ambassadeur de Russie aux États-Unis, Anatoli Antonov, a répondu aux reproches du département d’État en accusant Washington de « refuser de voir les causes profondes du problème » et de « rejeter les fautes sur les autres ». En outre, a-t-il continué, « nous avons souligné à plusieurs reprises [aux autorités américaines] que la situation du traité est le résultat direct de la guerre hybride déclenchée par l’Occident contre notre pays ».

Et d’ajouter : la Russie « a prévenu que le contrôle des armes [nucléaires] ne peut être isolé des réalités géopolitiques. [Aussi], dans les circonstances actuelles, nous considérons qu’il est injustifié, inopportun et inapproprié d’inviter l’armée américaine dans nos installations stratégiques ».

De son côté, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, n’a pas donné la même justification. « Nous voyons que les États-Unis ont en réalité détruit le cadre juridique pour le contrôle des armes et de la sécurité » nucléaire, a-t-il dit à la presse, ce 1er février.

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